La Progression Spirituelle
« L’éclat du jour chasse les ténèbres et la grande Lumière commence à paraitre »
Le Chevalier se dirige vers les voies de la spiritualité. Nous passons du matériel au spirituel, des moyens au but. Du serment de l’écuyer au serment du Chevalier, décrivant un arc de cercle. Le passage du miroir par le crâne est accompli, de Jean au Livre des Rois, de l’artisanal au sacerdotal.
Parler de la progression spirituelle est quelque peu réducteur. Si l’on développe le thème de la progression spirituelle, cela signifie que nous suivons tous le même chemin, comme s’il n’en existait qu’un. Nous devrions évoquer des progressions, en fonction de chaque chevalier.
Doit-on parler de la progression spirituelle ou de ma progression spirituelle.
Restons dans le sujet ; Tentons d’examiner pourquoi et comment la chevalerie, nous mènent inexorablement vers cette voie.
Le terme de progression peut être défini par développement, évolution, par paliers comme pour un escalier ou une échelle, celle qui relie la terre au reste de l’univers.
La spiritualité se définit comme une aspiration personnelle, qui a trait à la nature essentielle de l’homme, l’esprit mais aussi son Esprit. Il s’agirait d’un changement d’état de conscience, vers un but cosmogonique (étude de la création), cosmologique (étude de l’organisation du cosmos).
« Spiritualité » vient du latin spiritus, du grec pneuma, le souffle, la puissance de vie, l’énergie vitale. C’est ce qui met en mouvement l’être entier.
« Spiritualité » n’est pas à confondre avec « religion » au sens profane puisque, mot qui implique des ensembles bien définis, déterminés, de croyances, de lois qui prétendent donner des réponses parfois intransigeantes, souvent exclusives, aux questionnements sur la vie et la mort.
Les moyens de cette progression peuvent relever de la pensée, du sentiment, de la réflexion, de la parole, du silence (L’imposition des doigts sur l’épée du maréchal), la morale, (Ce que la chevalerie demande, c’est d’aimer la Justice, de la révérer). Existe-t-il une tradition sans valeurs morales ? Non, car le livret d’initiation au degré ultime, nous le confère. Le livret montre les chemins et plans permettant de nous mettre sur la voie. La balustrade m’en sépare encore. Il s’agit d’une démonstration exotérique et non ésotérique. Seul le travail inlassable, de l’Homme peut permettre d’arriver à soulever le voile, travail intérieur, ésotérique.
De Kant: « La loi morale est en effet, pour la volonté d’un être absolument parfait, une loi de sainteté ; mais pour la volonté de tous les êtres raisonnables finis, elle est une loi de devoir, une loi de contrainte morale. » Notre livret de chevalier, nous invite implicitement à nous élever vers la sainteté, à franchir la balustrade, afin de retrouver, un jour, la parole perdue et la Vérité. Mais le Noble Commandeur et les chevaliers m’ont gratifié d’une médaille d’Ordre. Elle est la survivance de nos lointains ancêtres, leur testament spirituel. D’une matière organique, cette médaille n’est pas un outil. Différente de celle des outils faits de minéraux et de végétaux. Elle est un signe, elle n’ouvre pas, elle est l’ouverture, celle qui permettra aux chevaliers d’accéder au Saint des Saints, afin de se découvrir, de se créer. Elle donne accès à la Connaissance, nouvelle initiation vers un autre domaine qui sépare le matériel de l’immatériel, ce passage de l’immanence à la transcendance qui conduit le chevalier vers son but, la recherche de la spiritualité. Pour accentuer l’importance de cette médaille, le panneton représente l’idée, qui fait penser à cette vérité soufie qui voit dans la quête intérieure, le chemin ascensionnel de la lumière vers l’Unité.
La progression spirituelle nous conduit à retrouver les traces des traditions primordiales. Comprendre, interpréter les textes sans prétention, se poser des questions, qui au fur et mesure des degrés, apporteront peut-être des réponses imparfaites, mais se dirigeant toujours vers la Lumière, vers une transcendance… Le chevalier est à la recherche de ce qui est adogmatique, (la chevalerie vous a fait sortie du monde de l’ignorance, des préjugés et des superstitions) mais néanmoins sacré. Passer d’une vision parcellaire à une connaissance plus large. Il s’agit, en travaillant, de comprendre, non pas la maison, mais les maisons du Père, comme disait Jean. En somme approcher les voies ésotériques que nous suggère la chevalerie. Le raisonnement, mais surtout l’intuition, nous permettent d’accéder aux voies spirituelles. Le principe de toute chose est Esprit et le Verbe est le médiateur. Il y a lieu de concilier la Foi avec la Raison et le cœur, l’Esprit avec la Matière, que nous sommes. Le véritable temple n’est pas celui décrit dans le livret, mais bien un temple humain et non matériel, lui aussi orienté. Car, est-il besoin d’un temple fait de pierres, pour se sentir lié aux principes et au Principe universel et fondateur de l’essence même de la vie ?
La recherche de la spiritualité n’a pas de limite. (Ne profanez pas le mot spiritualité en l’accordant aux conceptions humaines. La spiritualité absolue est inaccessible à l’esprit humain; il s’en approche sans cesse, mais ne l’atteint jamais). Malgré nos efforts, la Jérusalem céleste sur terre n’est pas pour demain ; ce n’est pas une preuve de pessimisme, mais au contraire cela signifie que la recherche doit permettre de considérer l’approche du Beau du sage (sapiensa), et de la Force, dans notre conviction à approcher la Tradition primordiale, indépendante de tout dogme. Retrouvons le sens du sacré, du caché, du sur humain. (Il n’y a d’admirable que la Loi universelle qui régit toute choses dans leur ensemble et dans son détail)
Notre progression spirituelle est en partie, suggérée par les initiations.
C’est au niveau du chevalier que cette auto-pédagogie initiatique est engagée. Le livret dit que le niveau a pour but « l’étude des notions de Devoir, de Secret, de Silence et de la réflexion », qu’il doit « provoquer une évolution spirituelle menant à une compréhension élargie » et que cela ne peut se concevoir sans l’esprit de la valeur initiatique, de la méditation intérieure, du silence et du secret. Voici les outils et les prérequis de cette démarche.
C’est effectivement dans le silence, que progresse l’initié. Lors de la cérémonie d’adoubement, un certain nombre de phrases, nous rappellent que notre recherche est incomplète, pour ne pas dire balbutiante. Cette instruction n’est pas complète. Vous ne voyez pas bien, vous ne comprenez pas bien.
Ce rituel d’initiation est une préparation psychique, morale. Il fixe des buts. Le rituel d’adoubement est l’antichambre de la progression spirituelle. Mais il nous précise bien que pour l’instant nous en sommes séparés. Il s’agirait d’une période de probation, d’observation deschevaliers de la commanderie face au comportement mais surtout à la réelle volonté du novice. Je pense savoir ce qui m’attend à ce niveau : travailler toujours en échangeant avec les chevaliers afin de progresser, spirituellement, vous l’avez bien saisi.
Je clos mon propos
A.M. Nyctalus
