La Septième Croisade
première des deux croisades entreprises sous la direction de Saint Louis en 1244
La septième croisade se déroule de 1248 à 1254, elle est dirigée par Louis IX dit « saint Louis » le roi de France. Elle débute en Égypte où Louis IX est battu à Mansourah en 1250 et gardé prisonnier jusqu’au paiement de sa rançon. Une fois libéré Louis IX se rend en Judée Samarie, où il y séjourne quatre ans pour sécuriser le pays. Il quitte la Samarie en 1254. Causes profondes qui justifièrent cette nouvelle croisade :
Lors de la Sixième croisade, l’empereur germanique Frédéric II avait obtenu du sultan d’Égypte qu’il lui cède Jérusalem, Nazareth et Bethléem. Une trêve de dix ans avait été signée dans ce sens, et les musulmans pouvaient continuer à pratiquer leur culte dans la ville de Jérusalem. Frédéric avait été couronné roi de Jérusalem en mars 1229. Mais son départ précipité pour l’Europe en mai 1229, laissa son royaume sans représentant. Naturellement des luttes de pouvoir virent le jour dans le camp des chrétiens résidant en Syrie et en Judée Samarie. Face aux désordres de toutes sortes, les ordres Templier et Hospitalier se comportaient en arbitres et maîtres. Les marchands italiens rivaux de Pise, Gènes et Venise installés au proche orient se faisaient une guerre commerciale sans précédent. En 1243, les partisans de l’empereur sont éliminés. Au même moment, les Kwârizmiens (musulmans) ravagent le Proche-Orient, et l’été 1244 ils pillent Jérusalem. Ils reçoivent le soutien du sultan ayyoubide d’Égypte qui est en guerre avec son frère l’émir de Damas. Les chevaliers chrétiens résidant en Syrie s’allient à ce dernier pour lutter contre les Kwârizmiens et le sultan d’Égypte. En octobre 1244, les chevaliers chrétiens et leurs alliés de Damas sont sévèrement battus à La Forbie, près de Gaza, par l’armée du sultan d’Égypte. Celui-ci pousse son avantage et s’empare de Damas en 1245 puis d’Ascalon en 1247.
La maladie source du vœu de Louis IX :
Rentrant malade d’une expédition militaire dans le Languedoc le théâtre des guerres religieuses, à l’automne 1244, le roi Louis IX dit « saint Louis » souffre d’une dysenterie. En décembre alors qu’il séjourne à Pontoise, et craignant pour sa vie, il fait le vœu de partir en croisade s’il en guérit. Ayant recouvré la santé, ce qui parut miraculeux pour ses contemporains, le roi respecta sa promesse et se croisa. Le pouvoir royal y trouve son compte. Cela permet de détourner les rêves d’indépendance des grands seigneurs qui supportent mal le pouvoir royal qui devient pesant depuis le règne de Philippe Auguste. La chevalerie a du mal à dépenser ses ardeurs militaires car les tournois sont interdits depuis les décisions du quatrième concile de Latran en 1215, décision difficilement acceptée et non respectée par les chevaliers. Les envoyer guerroyer hors de France permet d’écarter le danger.
Une croisade organisée par la noblesse française :
Le roi de France ne reçoit aucune aide des autres souverains occidentaux. Le pape Innocent IV est occupé par sa lutte contre l’empereur Frédéric II, il a dû fuir Rome pour se réfugier à Lyon, ville indépendante relevant du Saint-Empire mais proche du royaume de France. En 1245, le pape réunit un concile à Lyon, et appelle à la croisade, il en profite pour priver l’empereur de son trône. Frédéric II déteste Louis IX dit « saint Louis » , et, de plus c’est un grand admirateur de la civilisation musulmane. Depuis la sixième croisade il est en bons termes avec le sultan d’Égypte qu’il avertit des projets de croisade. En Espagne, les rois chrétiens sont occupés par la lente et couteuse Reconquista de la péninsule aux dépens des musulmans. Venise commerçant avec l’Égypte, craint que la croisade ne mette fin à ses fructueuses relations commerciales.
Les souverains d’Europe orientale sont menacés par les invasions mongoles et ne peuvent s’affaiblir en envoyant des troupes. Le roi de France ne peut donc compter que sur lui-même.
Le roi appelle avec lui ses vassaux qui sont tenus par le serment de fidélité. Confiant la régence du royaume à sa mère Blanche de Castille, le roi emmène avec lui ses frères, Robert Ier d’Artois, Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse et Charles d’Anjou, ainsi que son épouse Marguerite de Provence. Le duc de Bourgogne, le comte de Blois, se croisent eux aussi. Le comte de Champagne envoie près de 1000 hommes
dont de très nombreux chevaliers. Quelques troupes parviennent d’Écosse, d’Angleterre, de Flandres, de Bretagne. Au total le roi parvient à réunir près de 25 000 hommes. Le transport des troupes vers l’Égypte est financé par le roi et la haute noblesse. Venise, Gènes et Marseille louent leurs navires à l’Ost.
La campagne d’Egypte :
Louis IX embarque fin août 1248 à Aigues-Mortes qu’il a fait aménager au préalable. Il arrive à Chypre à la mi-septembre, pour y passer l’hiver. La première étape sera l’Egypte puis la Judée. Les croisés reçoivent des renforts maritimes venus de Saint-Jean-D’acre, mais la tempête disperse la flotte qui se dirige vers l’Égypte. Les premiers croisés débarquent près de Damiette le 4 juin 1249. Les musulmans tentent de les repousser sur les plages. Mais battus ils se replient vers Damiette puis vers le sud en direction de Mansourah. Le 6 juin les croisés entrent dans Damiette, vidée de sa population musulmane. Les croisés attendent l’arrivée des navires dispersés par la tempête. De plus la crue du Nil commence et interdit tous mouvements dans des terrains inondés. En octobre, à la fin de la crue, Louis IX reçoit le renfort de son frère Alphonse de Poitiers. Il est alors décidé, malgré l’avis de la plupart des chefs, de se diriger vers le Caire comme le préconise Robert d’Artois, un autre frère du roi. Louis IX dit « saint Louis » rejette les propositions du sultan du Caire qui souhaiterait échanger le départ des Croisés contre les villes de Jérusalem, d’Ascalon et de Tibériade. Le sultan décède le 23 novembre 1249.
Le 20 novembre les croisés se sont mis en marche vers Le Caire, ils atteignent Mansourah le 21. Mais ils sont bloqués par un bras du Nil. Ce n’est que le 8 février 1250, grâce à une trahison dans le camp musulman, que les croisés parviennent à traverser le Nil. Les soldats de Robert d’Artois entrent dans Mansourah où la résistance musulmane est très forte. Robert et ses soldats sont massacrés par les mamelouks du chef Baybars.
Le nouveau sultan arrivé de Damas, s’empare des bras du Nil et verrouille les communications entrent les croisés et Damiette. Le 11 février, les croisés après une dure bataille sont battus à Mansourah. Le roi Louis IX dit « saint Louis » malade, ordonne la retraite vers Damiette le 5 avril. Le 6 avril les croisés capitulent, le roi est capturé. Le 2 mai, les mamelouks renversent le sultan. Mais ils acceptent de négocier la libération des prisonniers. Les templiers en absence de grand maître refusent d’avancer l’argent réclamé pour payer la rançon du roi. Le roi Louis IX ordonne alors que leurs bateaux où se trouvait une partie de leur trésor soient saisis pour payer la rançon. Louis IX dit « saint Louis » est libéré le 8 mai. Le 13 mai 1250 il débarque à Saint-Jean-D’acre. La Judée fait partie du Royaume de Jérusalem, mais sa capitale est aux mains des musulmans. Le roi titulaire est Conrad IV, roi de Germanie, fils de l’empereur Frédéric II. Mais celui-ci est toujours absent. Louis IX se comporte alors comme s’il en était le roi du Royaume de Jérusalem. D’abord il rétablit l’ordre en mettant au pas les ordres des moines-soldats. Il fortifie les villes chrétiennes de Jaffa, Saint-Jean-D’acre, Césarée et Ascalon afin de repousser plus facilement les musulmans. Louis IX règle les litiges entre princes chrétiens. Ainsi dans la principauté d’Antioche, il confirme le prince Bohémond VI dans sa souveraineté. Louis IX doit aussi tenir compte des troubles qui secouent le monde musulman environnant. L’émir ayyoubide d’Alep n’a pas accepté le coup d’état des Mamelouks contre son cousin le sultan ayyoubide du Caire, il s’empare de Damas, puis de Gaza et envahit l’Égypte. Mais il est battu en 1251. Aussi propose-t-il à Louis IX dit « saint Louis » une alliance contre les Mamelouks en échange de la cession de Jérusalem aux Français. Louis IX propose la neutralité aux Mamelouks en échange de la libération des prisonniers qu’ils détenaient depuis la déroute des croisés en Égypte. Le roi espère ainsi récupérer Jérusalem si les Mamelouks sont vainqueurs. Mais Al-Mutasim le calife de Bagdad, chef suprême des musulmans, contraint les adversaires à faire la paix. Les espoirs de Louis IX se trouvent donc anéantis. Louis IX se rapproche alors des Ismaéliens, secte musulmane installée au Liban et qui cherche à être indépendants du calife. Il envoie également une ambassade auprès du khan des Mongols qui par ses conquêtes menace Bagdad. Sa mère, qui assurait la régence de la France, étant morte fin novembre 1252, Louis IX rentre en France le 22 avril 1254. Pour continuer son œuvre il laisse derrière lui une centaine de chevaliers et autant d’hommes d’armes, cette escouade dérisoire encourage les musulmans à reprendre les combats .
28 août 1248
Saint Louis quitte Aigues-Mortes pour Chypre.
05 juin 1249
Débarquement des armées de Saint-Louis devant Damiette.
06 juin 1249
Les armées de Saint-Louis entrent dans Damiette que les armées du sultan ont évacués dans la nuit.
08 février 1250
Défaite de La Mansourah, Saint-Louis échappe de justesse aux Mamelouks, et son frère meurt au combat.
06 avril 1250
Saint-Louis et son armée sont capturés et fait prisonniers.
02 mai 1250
Le sultan est reversé par les Mamelouks, une rançon est exigé pour la libération de Louis IX dit "saint Louis".
06 mai 1250
Saint-Louis et les survivants de son armée rejoignent Saint-Jean d’Acre.
