Les Templiers de la mer

CARNET DE VOYAGE

En ces temps de confinement, poursuivons nos voyages virtuels vers de nouveaux rivages. Et de rivage, il va en être question dans le sujet que nous abordons aujourd’hui. La plupart du temps, évoquer l’ordre du temple, c’est évoquer les batailles des différentes croisades, la politique ou la religion médiévale, le système bancaire novateur, l’organisation implacable, etc… Et pourtant, il existe un domaine souvent oublié dans lequel les Templiers se sont illustrés : la navigation !

Contrairement à d’autres secteurs, l’ordre du Temple n’était pas leader en la matière. L’ordre de l’Hôpital tenait ce rôle grâce à sa flotte impressionnante administrée par 22 « commandeurs de la mer ».

LES PORTS PRINCIPAUX

Lorsque l’Ordre du Temple voit le jour au début du XIIe siècle, le trafic maritime chrétien en méditerranée a repris depuis peu. Il a longtemps été ralenti, voire interrompu par la présence des Maures au Sud de l’Europe. Devant des traversées trop aventureuses, beaucoup d’armateurs avaient abandonné l’idée de mouiller dans cette zone. Mais avec la reconquête chrétienne et les croisades, de nouvelles perspectives et liaisons maritimes voient le jour.

En France, au gré des années, les Templiers s’installent dans plusieurs ports: Boulogne, Aigues-Mortes, Barfleur, Collioure, Arles, etc… Mais les deux principaux d’entre eux restent incontestablement La Rochelle et Marseille. Depuis ces villes, on organise des expéditions vers la Terre Sainte. Au départ de Marseille, celles-ci sont directes, contrairement à la Rochelle, où il faut contourner la péninsule ibérique. Toutefois, ce port donnant sur l’Atlantique a l’avantage de permettre une communication aisée avec l’Angleterre et la Bretagne.

De l’autre côté de la méditerranée, les chevaliers du Temple accostent dans les villes de Tyr, Jaffa, Sidon… Leur arsenal principal est quant à lui basé à Acre.

DES EXPÉDITIONS VARIÉES

Les premiers temps, les Templiers font appel à des navires marchands pour organiser des communications vers la Terre Sainte. Mais en bon gestionnaires, ils comprennent vite que la rentabilité sera supérieure s’ils fondent et organisent leur propre flotte. Aussi ils construisent leurs propres bateaux. Mais pour quelle utilisation ? Elles sont multiples.

La première est l’envoi des biens et des templiers dans les commanderies d’Orient. La seconde est le transport des pèlerins vers la Terre Sainte. Pour eux, voyager dans les vaisseaux templiers a l’avantage d’être plus économique que la moyenne, plus sécurisant grâce au templiers présents à bord qui peuvent parer les attaques pirates, et plus confortable grâce à des navires mieux entretenus. En cela, les Templiers perpétuent leur vocation fondatrice de défense des pèlerins engagés sur les routes (ici maritimes).

Très vite, les chevaliers du Temple vont trouver une troisième utilité à ces voyages maritimes vers la Terre Sainte : le transport de marchandises. Charger les cales de biens permet d’optimiser les trajets retours et d’ainsi ne jamais voyager à vide. Là aussi, ils pratiquent des tarifs défiants toute concurrence, ce qui va engendrer de nombreuses tensions avec des armateurs.

C’est le cas à Marseille en 1234 avec une plainte des armateurs à l’encontre des Templiers pour concurrence déloyale en quelques sortes.