Le Saint Suaire
Saint-Suaire est le nom donné par les catholiques au linceul de Jésus de Nazareth. De nombreux linges assimilés à cet événement de la Passion sont devenus l’objet d’une dévotion particulière.
Le Suaire de Turin est entré dans l’histoire vers le milieu du XIVe siècle à Lirey (France, dép. Aube). Ses ostensions, à titre de relique du Christ, furent interdites dès l’origine par l’évêque diocésain de Troyes, mais finalement approuvées par le pape d’Avignon Clément VII.

Saint Suaire. Relique sacrée considérée comme le linceul dans lequel le Christ aurait été enseveli. Après plusieurs siècles passés dans l’ombre, le Saint-Suaire est conservé par les empereurs de Byzance jusqu’en 1204. Il séjourne en France où Besançon, Lirey (près Troyes), Chambéry sont ses principales étapes.
Parmi les symboles de la Passion de Christ, le Saint-Suaire est un des plus emblématiques et mystérieux. Même s’il parait déplacé de parler de mystère quand on parle de la Mort de Jésus, il s’agit du plus grand mystère de l’histoire de l’humanité. Parmi les reliques transmises de cet événement hors pair, le Suaire est sans doute une de celles autour desquelles sont nés le plus de mythes et de légendes, cultes anciens et dévotions modernes.
Mais qu’est-ce que le Saint-Suaire de Turin et pourquoi est-il si important pour l’histoire de la chrétienté ?
Il s’agirait du linceul funèbre de Jésus, le tissu en lin dans lequel Son corps fut enveloppé au moment de la déposition de la Croix. Sur cet ancien drap à chevrons, qui mesure environ 4,41×1,13 m, est en effet restée imprimée la figure d’un homme grandeur nature, avec des marques de blessures et de mutilations correspondant à celles infligées à Jésus dans les derniers moments tragiques de Sa vie, jusqu’à la Crucifixion. L’image est double, recto verso, unie à la hauteur de la tête.
Dans les Évangiles on mentionne ce linceul. Matthieu, Marc et Luc parlent ouvertement d’un linceul (sindòn), avec lequel Joseph d’Arimathée aurait enveloppé le corps de Jésus avant de le descendre dans le tombeau, comme il était de coutume funèbre pour les juifs de l’époque. En effet, on fermait les yeux des défunts, on attachait le menton avec un drap noué au sommet de la tête afin de garder la bouche fermée et ensuite le corps était lavé, oint avec des huiles parfumées et revêtu d’habits en lin ou enveloppé dans un linceul en lin avant la sépulture.
Il existe d’autres reliques et objets sacrés pouvant être reliés au Suaire de Turin ou qui montrent des traits en commun avec ce linceul, comme le Suaire conservé dans la cathédrale d’Oviedo, en Espagne, taché avec ce qui pourrait être le sang de Christ. On pense qu’il pourrait s’agir du linceul mis sous Sa tête au moment de la déposition ; le Mandylion d’Édesse, un mouchoir dont on a perdu trace qui portait imprimés les traits du visage de Jésus ; le voile de Véronique, la femme qui essuya le visage de Christ pendant qu’Il montait au Calvaire, comme raconté dans une des stations du Chemin de Croix.
Beaucoup de personnes se rendent à Turin pour voir le Saint-Suaire, dans les occasions où il est exposé à la vénération publique. Ces occasions où l’exposition du Saint-Suaire sont connues comme ostensions, du latin ostendere, « montrer ». Mais au-delà de ceux qui rendent visite au Suaire de Turin pour des questions de foi, depuis des siècles ce dernier fait l’objet d’études et d’analyses scientifiques de la part d’érudits du monde entier et reste un des objets sacrés les plus controversés de tous les temps.
Le Saint-Suaire se trouve dans la Cathédrale de Turin, Place San Giovanni, dans la dernière chapelle de la nef de gauche, sous la Tribune Royale. Elle est conservée dans une vitrine pour la conservation, fermée à son tour dans une caisse métallique, et elle ne peut donc pas être vue si ce n’est à l’occasion des ostensions publiques déjà citées. Il est toutefois possible de visiter la chapelle et de se recueillir en prière sur les bancs placés face à la caisse qui contient la précieuse relique.
Le premier témoignage concernant le Saint-Suaire remonte à 1353. On raconte qu’un chevalier du nom de Godefroy de Charny l’amena de la Terre Sainte dans la petite ville de Lirey où il habitait et où il fit construire une église pour la conserver. Déjà à ce moment-là avaient lieu les premières ostensions pour la dévotion des fidèles. Une de ses descendantes le venda ensuite aux ducs de Savoye qui l’amenèrent dans leur capitale, Chambéry, dans une chapelle construite à cet effet.
Mais l’histoire du saint linceul est d’une certaine manière imprimée dans les fibres mêmes dont il se compose. En effet, dans ces fibres ont été repérées des traces de pollens de plantes typiques de la Palestine et la datation du tissu aurait permis de le faire remonter au Ier siècle apr. J.-C. Conservé jusqu’au 1532 dans la Saint-Chapelle du Saint-Suaire à Chambéry, elle montre les brûlures causées par l’incendie qui y éclata et faillit le détruire. En particulier, en remarque les traces d’argent fondu.






